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L’urgence de l’action face aux coûts de l’inaction

Adapter nos entreprises aux réalités du changement climatique est devenu une nécessité pressante. Selon les estimations de l’Institut de l’Économie du Climat (I4CE), cela requiert un investissement annuel d’au moins 2,3 milliards d’euros pour mettre en œuvre les mesures indispensables dès aujourd’hui. Le coût de l’inaction serait bien plus lourd à supporter.

Impact Financier Actuel

Les répercussions financières du changement climatique sont déjà significatives. En 2022, les sinistres liés aux événements climatiques ont engendré des pertes s’élevant à 10 milliards d’euros, contre une moyenne annuelle de 3,6 milliards d’euros entre 2011 et 2021. Par ailleurs, les implications sanitaires du changement climatique représentent un fardeau financier considérable, avec des coûts cumulés estimés entre 22 et 37 milliards d’euros pour la période 2015-2020 en France métropolitaine. Certains particuliers ou entreprises trop exposées, commencent à alerter sur le fait que les assureurs ne les suivent plus.

Prévisions Financières Alarmantes

Ces impacts financiers ne feront que s’aggraver avec l’évolution future du climat. Selon Swiss-Re, la France risque de voir son produit intérieur brut diminuer de 1% à 10% au cours des cinquante prochaines années en cas de réchauffement mondial de +2°C. Du côté des assurances, le montant des sinistres dus aux événements naturels pourrait augmenter de 93% au cours des 30 prochaines années, atteignant ainsi 143 milliards d’euros cumulés sur la période 2020-2050. Ne pas y faire face c’est accepter de supporter les hauses de tarif correspondantes.

Secteurs Sous Pression

Dans le secteur agricole, des pertes de récolte estimées à 7,4% pour le blé et 9,5% pour l’orge sont anticipées d’ici 2050. Sur le réseau routier, les rénovations rendues nécessaires par les dommages causés par le changement climatique entraîneront un surcoût de 5%, soit 22 milliards d’euros d’ici 2050 dans un scénario à +2°C. Sans parler des secteurs liés à l’exploitation et la transformation des matières premières et du fruit de la terre et des océans.

Coûts Potentiels de l’Inaction

En plus des conséquences financières directes, l’inaction dans la transition durable entraînera des coûts supplémentaires dans plusieurs domaines cruciaux.

Coûts Énergétiques :

 Au cours des dix dernières années, les coûts des matières premières et de l’énergie ont fluctué de manière significative, avec une tendance à la hausse générale. Les entreprises qui embrassent la transition durable bénéficieront d’avantages considérables, alors que celles qui tardent à s’adapter pourraient faire face à des défis insurmontables. Par exemple, le recyclage de l’aluminium peut permettre d’économiser jusqu’à 95% des coûts d’extraction et de production par rapport à la production de métal primaire. De plus, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’adoption de technologies écoénergétiques pourrait générer des économies mondiales de l’ordre de 3 000 milliards de dollars d’ici 2030. Les entreprises qui négligent de réduire leur empreinte carbone risquent de subir des coûts réglementaires et fiscaux supplémentaires.

Taxation du Carbone:

Le Parlement européen a récemment adopté une réforme ambitieuse du marché du carbone pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette réforme vise à réduire de 62% les quotas d’émission d’ici 2030 par rapport à 2005. À l’échelle mondiale, les recettes de la tarification du carbone et des systèmes d’échange de quotas d’émission ont atteint un niveau record d’environ 95 milliards de dollars en 2023. Malgré les défis économiques, de plus en plus d’États optent pour des politiques de tarification directe du carbone pour réduire les émissions.

Réputation et Image de Marque:

Les entreprises qui ignorent les attentes croissantes en matière de durabilité risquent de perdre des clients, de voir leurs ventes diminuer et de rencontrer des difficultés de recrutement. Le marché mondial des produits durables devrait atteindre 12 000 milliards de dollars d’ici 2025, alimenté par une demande croissante de produits respectueux de l’environnement et socialement responsables. Selon une étude de Nielsen, 73% des consommateurs sont prêts à payer plus cher pour des produits durables. Les entreprises qui adoptent des pratiques durables peuvent ainsi bénéficier d’une meilleure rentabilité grâce à une clientèle fidèle et à une image de marque positive.

Risques Réglementaires et Pressions des Investisseurs:

De nombreux pays mettent en place des réglementations pour encourager les pratiques durables. Les entreprises qui ne se conforment pas à ces réglementations risquent des amendes et des sanctions. Les investisseurs et les parties prenantes surveillent de près les pratiques durables des entreprises, et les investissements dans des entreprises durables sont en augmentation. En 2020, les actifs gérés selon des critères ESG ont atteint 35 300 milliards de dollars dans le monde. Les entreprises qui ne s’engagent pas dans la durabilité peuvent donc être confrontées à des pressions de la part de ces acteurs.

Face aux défis croissants du changement climatique et aux coûts colossaux de l’inaction, il est impératif que les entreprises prennent des mesures immédiates pour s’adapter à cette nouvelle réalité. Les conséquences financières actuelles et futures du changement climatique ne peuvent être ignorées, et les entreprises qui tardent à agir risquent non seulement des pertes financières importantes, mais aussi une détérioration de leur réputation et de leur position sur le marché.

En investissant dans des pratiques durables, les entreprises peuvent non seulement réduire leurs coûts opérationnels et leur empreinte environnementale, mais aussi renforcer leur compétitivité et leur résilience face aux défis futurs. De plus, en répondant aux attentes croissantes des consommateurs en matière de durabilité, elles peuvent fidéliser leur clientèle et renforcer leur image de marque. Il est donc temps pour les entreprises de prendre conscience de leur responsabilité dans la transition vers une économie plus durable et de s’engager activement dans cette voie. En agissant dès maintenant, elles peuvent non seulement contribuer à atténuer les effets du changement climatique, mais aussi assurer leur propre viabilité économique à long terme.